L'école à Saleilles


Création d'une école

En ce XIXe siècle, peu d'enfants fréquentaient les écoles. Elles étaient peu nombreuses et ce sont les élèves et les communes qui payaient les maîtres. Les habitants de Saleilles étaient pauvres et il fallait aller à Perpignan. En 1881, Jules Ferry rend l'école gratuite (loi du16/6/1881), obligatoire (loi du 28/3/1882) et laïque. Une école doit être construite dans chaque village avec l'aide de l'état. En 1882, 30 élèves de Saleilles allaient à l'école primaire de Cabestany. Ils étaient répartis en deux classes de 71 filles et 73 garçons. Les instituteurs préconisèrent 50 élèves par classe, l'Académie estima que 70 était un chiffre raisonnable. Après Cabestany, c'est à partir de 1900 que la construction d'une école fut décidée au hameau de Saleilles, considérant qu’il y avait assez d’enfants pour la remplir et éviter aux trop jeunes, les trajets Saleilles - Cabestany à pied.

A la rentrée de 1908, en attendant la fin des travaux de la future école et pour éviter aux jeunes enfants le trajet jusqu'à Cabestany, une classe primaire pour les plus petits est ouverte dans le garage de l'immeuble, place de la République, à gauche de la boulangerie faisant l'angle de la rue. Le nombre des élèves étant suffisant, une seconde classe se crée en 1909 au premier étage du même immeuble, en haut les garçons et en bas les filles, avec M. et Me Vaquier comme instituteurs Ces deux classes vont s'installer à la rentrée de 1910 dans l'école neuve qui est inaugurée le 18 juin 1910 (extrait du journal du 19/6/1910 ). Son prix définitif établi en 1911 est de 55164,86 fr. L'école comportait au premier étage deux appartements pour les instituteurs, une cour en deux parties séparées par un mur rehaussé d'une palissade de bois, au fond de laquelle chaque instituteur avait son jardin. Il y avait dans la cour, côté est (côté portail), un bassin en ciment avec une pompe à bras qui servira de point d'eau aux instituteurs, aux écoliers et d'arrosage pour les deux jardins . Le bassin sera démoli quelques années après l'installation de l'eau de ville en 1952 ou des robinets furent installés dans chaque jardin privatif, ainsi que dans les sanitaires de la cour. Après le couple Vaquier, il y aura Me marguerite Pastor et son mari. Ce dernier est parti à la guerre de 1914-18 et il a été remplacé à l'école par sa belle soeur.

Le 27 octobre 1908, alors que le village lisait l'heure au cadran solaire installé sur la façade sud de la chapelle, le conseil municipal décida d'accrocher une horloge à la nouvelle école en construction : payée 1831, 20 francs en janvier 1910, M. Roca, puisatier à Salses, fit venir une mécanique de M. Sadet odobey, horloger à Morer dans le Jura. Ainsi, les Saleillencs ont eu la possibilité de vivre à la même heure, en réglant leur vie à la première pendule municipale. C'est une horloge "à trois corps de rouage", ne se remontant que tous les huit jours. Toutes les roues sont en cuivre ; les plus grandes, celles des premières sonneries et du mouvement, ont 21 cm de diamètre. L'ensemble du mécanisme est monté sur un chevalet de bois de sapin. M. Parayre, l'horloger s'en occupe jusqu'à sa mort. Elle s'arrêtera de donner l'heure jusqu'en 1985 ou M. Michaux, le nouvel horloger, la tire de son long sommeil. Elle sonne les heures, la répétition des heures et les quarts d'heure sur trois cloches d'un poids total de 80 kg, pendues au sommet d'un clocher initialement en bois , appelé à l'époque "al rinque rabasses" (le casse souches) à cause de sa forme qui rappelait cet instrument. En 1935, dans la nuit du 11 au 12 mars, lors d'une tempête de neige et de vent, la foudre tomba sur le coq qui surmonte le clocher de bois. Le paratonnerre enseveli sous la neige qui tombait en abondance ne fait pas son office, et le coq ainsi que le clocher sont détruits. Un phénomène identique se déroule la même nuit avec le clocher de l'église de Théza. Les habitants de Saleilles le remplacent par un clocher en fer forgé que l’on peut toujours voir sur la bâtisse.
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La vie de l'école

A l'arrivée de l'électricité, une seule ampoule électrique éclairait la classe et l'hiver, seul poêle rond permettait de remonter la température de la salle que lorsqu'il faisait froid. Encore en 1935 chaque élève apportait une bûche et la mairie fournissait des boules de charbon pour compléter jusqu'à la fin de la journée. Les classes étaient mixtes et les élèves sont séparés par niveau de cours : trois à quatre niveaux par classe. Il y avait la classe des petits, côté est, et la classe des grands, côté ouest, qui allait jusqu'au certificat d'étude primaire, diplôme très important qui justifiait que l'élève eût bien acquis les connaissances en orthographe, grammaire et calcul. Avec ce certificat tant souhaité, la plupart des garçons et filles entraient comme apprentis chez un artisan ou un agriculteur pour devenir ouvriers à leur tour. Les filles, même si elles n'en faisaient pas leur métier, apprenaient la couture ou la broderie, se retrouvaient au repassage et à la cuisine ainsi qu'à tous les travaux de la maison pour soulager la mère. Les enfants des plus doués ou plus aisés, et ils n'étaient pas nombreux, entraient en pension au collège à Perpignan en espérant avoir le baccalauréat, diplôme qui ouvrait toutes les portes. En 1945, les garçons allaient au collège Jean Moulin à Perpignan, puis au lycée Arago (à l’époque, à la place de la dalle Arago). Les filles allaient au collège rue Emile Zola (actuellement les archives de Perpignan), puis allaient dans les écoles de sœur apprendre la couture. Les élèves prenaient le bus rouge "Bec et Caball" de la ligne régulière au gazogène. Les élèves étaient souvent en retard car le bus était capricieux et avait du mal à gravir les côtes, notamment à l’entré de Cabestany, ou il fallait pousser. Le bus avait une remorque pour les bagages et les écoliers y mettaient souvent leurs vélos pour rentrer plus tôt le soir lorsque le temps le permettait.
Si les classes à Saleilles étaient mixtes, dans la cour en terre battue , le mur de 1910 sépare les filles et garçons, laissant un demi-préau à chacun. Il y a un WC dans chaque cour et comme il n’y a pas d’eau courante, chaque élève verse un seau d’eau pris au bassin après les avoir utilisés. Le mur sera démoli l'été 1969. En cette année de 1935, il y a 21 élèves en cours préparatoire et 17 en cours supérieur. En 1936, les enfants seront scolarisés à partir de quatre ans, pour permettre aux parents d'aller travailler aux champs ; en effet, le départ de nombreux étrangers oblige les familles à faire elles-mêmes tout le travail. La famille au complet se met à la tache et souvent les enfants en âge de travailler quitte l'école.

Le catalan est interdit à l’école. A Saleilles, jusqu'après la guerre de 1945, on se passait la bobine (cylindre de bois où était enroulé le fil) : lorsqu’un élève prononçait un mot catalan, il prenait la bobine. Celui qui l’avait en sa possession à la fin de la classe était puni. Les fournitures scolaires étaient payantes : cahiers, livres, plumes et il fallait porter le sou pour payer l'encre. Ce n'est qu'après la guerre de 1945 que les fournitures scolaires furent gratuites et le chauffage totalement pris en charge par la mairie. Dans les classes, les élèves étaient sur des bureaux par deux et le bureau du maître trônait sur son estrade. C'est le maire Sola sennen en 1961 qui fera acheter des tables individuelles mais l'estrade restera jusqu'aux années 70. Madame Lalanne , qui avait les débutants, et Mademoiselle Santanach, le certificat d'étude primaire, seront institutrices de 1945 à 1969.

De ces anciens élèves que nous avons rencontrés, tous nous ont parlé des courses effrénées du fameux jeu de barre, des parties de colin maillard et des parties de billes, des rapides descentes des garçons à califourchon sur la rampe de l'escalier venant du premier étage, des discussions sur l'interminable banc en ciment longeant la séparation sous le préau, ou sous le tilleul parfumé qui jouxtait le jardin potager de la cour des grands, sans oublier les "répétitions" : ces soirées d'études passées chaleureusement autour du vieux poêle en fonte, compagnon fidèle de l'hiver dont les enfants resserraient les tables tout autour au plus fort de l’hiver. Dans les années 1945, les voyages de fin d'année amenaient les élèves visiter le musé Rigaud et le Castillet avec un repas sorti du sac au square de la promenade. Ils faisaient le trajet en prenant la ligne régulière de Bec et Caball. Madame Lalanne créera avec la coopérative de l'école la première bibliothèque gérée par les élèves. La veille de chaque petite vacance, elle amenait son petit monde à la chapelle de Saint Nazaire ou au passage à gué de la route de Théza. Pour les voyages de fin d'années scolaires dans les années 60, les élèves allaient passer la journée en Cerdagne, principalement à Font Romeu, aux grottes de la Bouiche, ou à la mer. Les examens se déroulaient à Elne. Les très rares élèves qui continuaient les études après le certificat partaient en pension. Le département organise le ramassage scolaire avec des bus à partir de 1960, mais les enfants des mas continuent à faire le trajet à pied jusqu'à l'école du village ou au point de ramassage, place de la République. Jusqu'aux années 1960, tous les élèves vont à pied à Cabestany pour aller au collège. En 1965, la cour de l'école primaire sera agrandie par la récupération des jardins et par la suite, la séparation disparaîtra. Le chauffage central sera installé avec une chaudière à mazout. Avec l'arrivée des nouveaux habitants dans le village dés 1970, le nombre de classe augmentera très rapidement et la seule solution pour débloquer la situation est l'installation de préfabriqués au fond de la cour qui portera à cinq le nombre de classe.

L'extension de l'école

La maternelle :

En 1968, la création de l'école maternelle est décidé au vu de ses 18 élèves. Comme aucun bâtiment n'existe, elle s'installera en septembre 1968 et jusqu'en décembre 1972, dans une grande salle d'un appartement , au premier étage de l'immeuble dont M. Pouquet, maire, est propriétaire, place de la Fontaine. Le jardin attenant sert de cour de récréation. Le club de pétanque était au rez-de-chaussée. En 1973 le département cédera à la commune des trois préfabriqués qui seront montés face à la mairie. En 1978, les classes maternelles, au nombre de trois, s'installeront définitivement dans une construction nouvelle à cinq classes . La maternelle verra sa quatrième classe en 1984 et sa cinquième en 1993. Pour terminer deux classes supplémentaires sont rajoutées à la maternelle en 1995, pour permettre l'ouverture de la sixième en 1996 et sa septième en 2001et ainsi accueillir 180 élèves. Un préau, construit pendant l'été 2002, terminera l'ensemble . En 2005 la maternelle accueille 137 éléves pour 6 classes.


le primaire :

Saleilles a une population stable et l'école restera à deux classes jusqu'aux années 1970, date ou le conseil municipal décide l'ouverture de lotissement. C'est le dédut de l'expension de Saleilles et donc des écoles.En 1971, des préfabriqués sont construit dans la cour de l'école Jules Ferry, offrant trois classes supplémentaires. Elles seront occupées en 1971, 72 et 73 par l'arrivée d'instituteurs. En 1976, un autre préfabriqué à 2 classes sera monté en face la mairie ou se trouve la maternelle : l'école Jules Ferry ne peut plus s'étendre. Deux créations de postes suivront en septembre 1976 et 1977. En 1978, la maternelle libère le préfabriqué à 3 classes qui serviront provisoirement à l’extension du primaire en attendant les nouveaux bâtiments . En septembre 78, un troisième instituteur s'y installe pour désengorger la vielle école (4 classes en haut et 3 en bas). en 1981, la 8ième classe est créée et nous avons deux entités de 4 classes chacune. La mairie décide de construire une école en dur de 5 classes. Les parents d'éléves, représentés par Guy Roblés et Jacques Carbonne, voient d'un mauvais oeil deux écoles dans un petit village au vu des problèmes vaicus. M. le maire, José Arrieta, transforme le projet en 10 classes. Inauguré le 5 février 1985 par la député Renée Soum et le maire José Arriéta, les 8 classes de primaire s'installent dans l'école à dix salles qui est en service depuis le 5 janvier . L'ensemble des deux écoles, primaire et maternelle, forme le groupe scolaire "George Sand" (plan de masse des écoles ). Un neuvième cours de primaire sera créé en septembre 1985, le dixième en 1988. Lors de la création de la onzième classe en 1999, l'école primaire a 270 élèves. La salle de préparation des instituteurs sera transformé en classe. La douzième ouverture s'annonce. La mairie récupérera l'appartement de fonction vaccant de la directrice de l'école maternelle et le transformera en deux salles : une bibliothèque et une salle d'informatique. La bibliothèque de l'école primaire sera aménagée pour la douzième classe ouverte en 2001. Les effectifs se stabilisent en 2005, 276 éléves pour 12 classes.

Cantine, garderie et crèche :

En septembre 1985, la mairie crée une cantine car beaucoup de parents qui travaillent à Perpignan ne rentrent pas manger à midi. La cantine scolaire est construite et installée dans le préfabriqué libéré par la maternelle. 85 repas y sont servis tous les jours. C'est une gestion de repas par ticket au jour le jour. Un bâtiment aux normes sera construit entre le primaire et la maternelle. Il est inaugurée en février 1990. La gestion de la cantine passera en 1999 par une inscription au trimestre et elle ne sera ouverte que pour les enfants dont les deux parents travaillent. La garderie municipale gratuite est créée en 1985 pour compléter la cantine. Elle se servira matin et soir de locaux du primaire et de la maternelle. Pour libérer de la place dans les écoles, elle sera transférée en 2001 dans un préfabriqué qui est ajouté dans un coin de la cour de récréation de l'école primaire.
Pour compléter l'ensemble, 1998 verra la première rentrée des enfants à la nouvelle crèche municipale appelée "el niu", le nid en catalan. Construit dans le quartier des Crouettes, le bâtiment aux dernières normes d’hygiène et de sécurité est prévu pour accueillir une trentaine de tout petit de 10 semaines à 3 ans, dont 10 en halte-garderie jusqu'à 6 ans. Les pièces sont très lumineuses et les lieux de service totalement isolés des enfants. Toutes les entrées et les sorties sont contrôlées par cartes informatiques. La direction sera assurée par Madame Grancier assistée d'un personnel de 12 agents.
Les préfabriqués installés en 1972 pour l'école maternelle et agrandis pour le primaire , face à la mairie, le préfabriqué du troisième âge devant la poste et la vieille école rue Jules Ferry avec ses préfabriqués , servent actuellement de salles pour les réunions des clubs et associations.



Les instituteurs

liste des instituteurs de la maternelle .
liste des instituteurs du primaire .


Dates des constructions et créations de classe.

PRIMAIRE
0 classe avant 1908 tous les écoliers vont à Cabestany
sept 1908 ouverture de la première classe dans un immeuble privé, place de la république
sept 1909 ouverture de la seconde classe
2 classes sept 1910 ouverture de l'école à 2 classes rue Jules Ferry
5 classes 1971 ajout de 3 classes dans des préfabriquées dans la cour de l'école Jules Ferry
sept 1971 ouverture de la classe n°3
sept 1972 ouverture de la classe n°4
sept 1973 ouverture de la classe n°5
7 classes 1976 ajout de 2 classes préfabriquées à côté de la maternelle, devant la mairie
sept 1976 ouverture de la classe n°6
sept 1977 ouverture de la classe n°7
8 classes 1978 1 classe va dans les préfabriqués devant la mairie libérés par la maternelle
sept 1981 ouverture de la classe n°8
10 classes 1985 installation de l'ensemble des 8 classes dans école primaire en dur de 10 classes
sept 1985 ouverture de la classe n°9
sept 1988 ouverture de la classe n°10
11 classes 1999 transformation de la salle pour les instituteurs en classe
sept 1999 ouverture de la classe n°11
12 classes 2000 transformation de la salle de la bibliothéque est installée dans un bâtiment à part
sept 2001 ouverture de la classe n°12
MATERNELLE
1 classe 1968 ouverture de la première classe dans un appartement place de la fontaine
3 classes 1973 construction des péfabriqués face à la mairie pour mettre 3 classes
sept 1973 ouverture de la classe n°2
sept 1974 ouverture de la classe n°3
5 classes 1978 école nouvelle à 5 classes : début du "groupe scolaire George Sand"
sept 1984 ouverture de la classe n°4
sept 1994 ouverture de la classe n°5
7 classes 1995 ajout de 2 classes supplémentaires en dur entre la maternelle et le primaire
sept 1996 ouverture de la classe n°6
2001 construction d'un préfabriqué dans la cour pour accueillir la garderie
sept 2001 ouverture de la classe n°7
GARDERIE
1985 création, utilise les locaux des écoles primaire et maternelle
2001 installation d'un préfabriqué dans la cour du primaire
CANTINE
1985 création, utilise les préfabriqués devant la mairie laissés par la maternelle en 1978
1990 construction de locaux appropriés entre maternelle et primaire
CRECHE
sept 1998 mise en service du bâtiment




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