L'agriculture
Une structure géologique
résultant de sédimentations marines (pliocène
comme nous l'avons décrit dans la formation géologique),
d'une sédimentation continentale, d'érosions et
d'alluvions, présente des caractères assez
tranchés, non sans conséquences sur la
végétation et l'agriculture. Grossièrement, deux
zones sont à distinguer :
1 ) Les terrasses : cailloutées et argileuses, aux terres
imperméables, au nord et au nord-est de Saleilles, sur
lesquelles on retrouve de tout temps, en majeure partie une
implantation de vignes dont on sait qu'elles existaient en partie en
l'an 412 avec des champs d'oliviers. Rappelons que Saleilles
était au moyen-âge à l'est d'un bois.
2 ) Les terrains bas : alluvions et limons aux terres
perméables, au sud et à l'ouest de la commune. C'est la
zone des cultures, car on y trouve aussi l'eau du Réart pour
l'arrosage prélevé à l’aide de puits mais,
actuellement, surtout par des forages.
Au Xe siècle, le bétail tenait une place importante et
c'est le début des prés de fauche pour le fourrage. Le
chanvre et le lin étaient cultivés près des cours
d'eau, notamment à la Tour-bas-elne, mais très peu le
long du Réart. Sur le territoire de Saleilles, on trouvait un
peu de vignes et des arbres fruitiers, surtout le figuier, l'olivier et
le pommier. L'olivier sera planté en petites parcelles jusqu'en
1956 où un froid sibérien s'abat sur la région :
du 2 au 27 février il fait entre -10 et -15 degrés
pendant plusieurs jours accentué par la tramontane à 150
km/h. Toutes les récoltes maraîchères sont perdues,
le vignoble est brûlé par le froid, tout comme les arbres
fruitiers mais surtout, tous les oliviers ont gelés : c'est ce
qui marquera l'esprit des hommes car cet arbre est réputé
pluri-millénaire et a un statut de référent
à sa symbolique multiple de paix, victoire, force,
fidélité... . 1956 "l'any de la fred" (l'année du
froid) marquera la fin de la culture de l'olivier à saleilles
car les petites exploitations sont abandonnées et tous les
moulins à huile de la région fermeront
définitivement par manque d'olive. En roussillon, le verger
oléicole comptait environ 150 000 arbres, seuls 9 000 en
rechappèrent et 29 000 furent replantés, soit un perte de
112 000 oliviers.
Il est mentionné en 1292 et 1305, des
oliviers et des vignes à Saleilles et qu'il faut porter la
vendange à Perpignan. On cultivait principalement le blé
qui réussit bien dans la plaine du Roussillon et celui de
Saleilles est renommé par ses deux variétés : son
blé tendre donne une farine très blanche et son
blé dur est riche en gluten. En 1651, des vignes couvraient une
partie des terres cultivables de Saleilles, mais de nombreux champs de
blé existaient toujours. Annoncé par crieur public le 16
juin 1676 " Personne ne peut glaner le grain à Saleilles sans
autorisation du propriétaire et tout délit est puni de
cinq livres d’argent (monnaie de Perpignan) ". Le blé sera
cultivé jusqu'au XVIIe siècle où il va peu
à peu laisser la place aux pâturages, surtout le long du
Réart. 1778 et 1779 furent des années de misère
car il y a peu de céréales. Une année normale donne un minimum de 400 à 500 kg. A
Saleilles, le rendement est inférieur à 300 kg par
hectare et l'on craint les émeutes. Le blé va disparaitre
et apparaîtront les champs d'abricotiers et d'importantes
cultures maraîchères. Les plantations de
vignes s'étendent de plus en plus sur notre commune.
Et bientôt se posera le problème de la mévente du
vin. Déjà en 1841 les vins espagnols et italiens nous
concurrencent. Dans la région, en cette fin de XIXe
siècle, les vignes sont toutes arrachées à cause
du phylloxéra. Replantées, elles arriveront toutes en
même temps à plein rendement. Une partie de
l'excédent est transformée en alcool. Dans la commune
M. Jonquéres a une puissante machine à distiller qui
débite 900 litres d'alcool par jour. Il la fait fonctionner 4
jours et nuits sans discontinuer, chaque année, pour faire son
alcool personnel mais aussi pour d'autres viticulteurs du village. La
demoiselle Vimort, dont la maison est mitoyenne, se plaint du bruit en
ce mois d’août 1901. Cette même année, les
vignerons du village sont dans une situation précaire. Un devis
de travaux routiers s’élève à 5000 fr. Il
est demandé que ces crédits soient utilisés
à la distribution de bons de pain, pommes de terre et haricots
aux plus nécessiteux. Une surproduction de raisin et les abus de
toutes sortes plongèrent dans la misère les viticulteurs
de toute la région qui manifestèrent en mai et juin 1907
: le 20 juin, les manifestants mirent le feu à la
préfecture et expulseront le préfet Dautresme. La
viticulture ne s'en remettra pas et le mécontentement des
viticulteurs à Saleilles sera permanent. En août 1953,
lors de la manifestation nationale, la route d'Alénya fut
coupée au pont de fer. Les manifestants ont transporté la cuve vide en tôle qui sert de réserve d'eau pour laver un le pont de fer. La route de Perpignan est, elle aussi, fermée et de très nombreux saleillencs participèrent à la grande manifestation
de Perpignan. Nous verrons même des actions telle la
démission de notre conseil municipal le 13 mai 1954 par
solidarité avec le comité d'action viticole. En 1970, la vigne occupe encore les trois quarts des cultures (état de l'agriculture en 1970 ). La commune se situe au milieu des coteaux du vignoble d'A.O.C. (appellation d'origine contrôlée) de Rivesaltes. Ses vins
doux naturels comme le muscat sont réputés. Les
exploitants sont regroupés en caves coopératives.
La cave coopérative est créée en 1935 à partir de la cave d'un particulier M. Mairine et est modernisée
en 1938. M. Lloansi conduisit toutes ces transactions et Henri
Jonquére d'Oriola sera le président provisoire durant
toute la mise en place de la cave. Les exploitants produisent une
moyenne de 20 000 hectolitres de vin sur Saleilles dans les
années 1980. Mais, comme dans tout le département,
Saleilles verra au fil des ans, la taille des exploitations agricoles
diminuer et devenir familiales. Les jeunes ne veulent plus travailler
la terre et le village a sa surface constructible qui augmente
très rapidement au détriment des terres cultivables : 500
habitants en 1975, 3500 en 1991 soit 3000 personnes de plus en 15 ans.
En 1982, 45 % des terres ont moins de deux hectares et sont
travaillées en deuxième ressource. Le 1er septembre 1988,
la cave coopérative de Saleilles fusionnera avec celle de Canet
et devient la "société coopérative viticole
Canet-Saleilles en Roussillon" pour s'appeler en 1995 "les vignobles du
soleil". La cave regroupe 62 viticulteurs pour une superficie de 230
hectares de vigne. En l'an 2000, 250 hectares ont donné un peu
plus de 10 000 hectolitres de vin, en sachant que 70% des raisins
proviennent des communes limitrophes : en septembre 2000, la cave
qui s'est dotée d'un égrappoir et d'appareils
réfrigérants pour maîtriser la température
de fermentation, a reçu 1298 746 kilos de raisins à 14,8° de moyenne, tous cépages confondus.
liste des présidents de la cave coopérative de Saleilles.
Henri Jonquéres d'Oriola
de la création jusqu'à l'ouverture
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9-1935 |
Antoine Argiot |
9-1935 |
8-1936 |
François Lloansi |
8-1936 |
8-1945 |
André Carbonell |
8-1945 |
8-1949 |
Albert Coste |
8-1949 |
8-1960 |
Guillaume Casenove |
8-1960 |
6-1967 |
Louis Pastor |
6-1967 |
5-1996 |
Jean Pierre Rougé |
5-1996 |
12-2000 |
Michel Fons |
1-2001 |
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